mercredi 12 février 2014

L’art de la guerre : Les mains invisibles du pouvoir





Les « mystères de la République » qu’Andreotti a emporté dans la tombe ne sont pas aussi mystérieux. Il suffit de lire le livre « La repubblica delle stragi impunite » (La république des massacres impunis) du magistrat Ferdinando Imposimato, aujourd’hui président de la Cour Suprême de Cassation. Reste à voir si la page des « mystères » est un page désormais tournée dans l’histoire italienne. Imposimato, sur la base de documents, met sur le banc des accusés le groupe Bilderberg. Né en 1954 par une initiative d’ « éminents citoyens » étasuniens et européens, ce groupe a joué un rôle fondamental dans les opérations secrètes en Europe pendant et après la guerre froide. « Le groupe Bilderberg –conclut le magistrat- est un des responsables de la stratégie de la tension et donc aussi des massacres » à commencer par celui de Piazza Fontana en 1969. De concert avec la Cia et les services secrets italiens, avec Gladio et Stay Behind, avec la loge P2 et les loges maçonniques étasuniennes dans les bases Otan, avec les groupes néofascistes et les hiérarchies vaticanes.
C’est dans ce club prestigieux qu’a été admis Mario Monti qui, cinq mois après avoir participé à la réunion Bilderberg de juin 2011, a été nommé sénateur à vie par le président de la république et chargé de former le gouvernement. Dans le même club exclusif, où le silence est la règle (les actes des rencontres restent secrets), a été admis Enrico Letta. En juin 2012, après avoir participé à la réunion Bilderberg, il a confirmé que « la discussion était à huis clos » (au mépris de la « transparence » proclamée) et qu’il y avait à cette rencontre « des représentants de l’opposition syrienne et russe ».
On peut facilement imaginer pour quel type d’accord. Monti et Letta ont aussi été appelés dans la Trilatérale, la commission créée en 1973 par Rockefeller et Brzezinski, qui réunit des « experts leaders du secteur privé » d’Amérique du Nord, Europe et Asie sur des « questions d’intérêt global ». Elle réunit donc les plus puissantes oligarchies économiques et financières qui, avec les services secrets et les chefs militaires, s’accordent sur les stratégies à échelle mondiale : les grandes opérations spéculatives pour attaquer monnaies et économies nationales, les campagnes médiatiques pour diaboliser les ennemis, les guerres ouvertes et secrètes pour désagréger des pays entiers et s’emparer de leurs ressources.
Sans hasard, Mario Monti –consultant du groupe bancaire Goldman Sachs, un des plus grands artisans de la crise financière qui, partant des Etats-Unis, a envahi l’Europe- a été président européen de la Trilatérale. Marta Dassù en fait aussi partie : d’abord conseillère du président du Conseil D’Alema pendant la guerre contre la Yougoslavie, puis vice-ministre des affaires étrangères dans les gouvernements Monti et Letta, elle est active dans le groupe intergouvernemental des « Amis de la Syrie » qui arme les « rebelles ». Ceux-là même qui – comme l’a vérifié la commission onusienne de Carla Del Ponte- ont utilisé même des armes chimiques.
Enrico Letta a déclaré à la Chambre avoir « le langage “subversif” de la vérité ». Le terme « subversif », en réalité, est plus approprié (et sans guillemets) pour définir ce qui est en train d’arriver à la démocratie italienne.
Manlio Dinucci
Source : Mondialisation

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